Depuis l’avènement des technologies numériques, presque tous les secteurs de la vie socio-économique ont été impactés dans le monde. L’outil informatique s’est démocratisé, augmentant significativement le volume des données collectées ou générées. Ce qui nécessite de nouvelles méthodes de traitement et d’analyse. Aujourd’hui, ces données sont à la fois immenses et variées (texte, son, photos, vidéo, émoticône, etc.) qu’elles ont une nouvelle appellation : les mégadonnées ou Big Data (en anglais). Avec l’outil SYDONIA, la Douane a été l’une des toutes premières institutions publiques nigérienne à s’intéresser au Big Data.
Qu’est-ce que SYDONIA ?
Le Système DOuaNIer Autaumatisé (SYDONIA) est un outil permettant la gestion automatisée des procédures douanières. Cet outil à été développé par la CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le développement) à la demande de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en 1980.
Le Niger en fait l’acquisition de la version 2.0 de SYDONIA en 1986. Une version du logiciel qui connaitra plusieurs évolutions : SYDONIA 2.7 en 2000, SYDONIA++ en 2004 et enfin SYDONIA World aujourd’hui. Au Niger, ce réseau repose sur une architecture centralisée et est déployé sur 49 unités douanières. Ces unités sont composées de 27 bureaux, 9 brigades, 7 directions régionales et de 6 directions nationales selon le Colonel Oumar Dièye Sidi, chef de la cellule analyse des données et réforme au niveau de la Douane nigérienne. Le colonel indique également que ce logiciel permet à ce jour de collecter plus de 500 000 déclarations par an. Des données gigantesque qu’il va falloir apprendre à interpréter avec de nouvelles méthodes.
Quelles opportunités Big Data ?
Analyser la masse de donnée collectée par la douane via SYDONIA depuis 1986, permettra d’améliorer significativement les prises de décision. Une gouvernance par les données qui sera difficile à mettre en œuvres. En effet, pour le moment, le Niger ne dispose pas de suffisamment de compétences en matière d’analyse des mégadonnées. La taille de ces données rend presque obsolète les anciennes méthodes d’analyse notamment en terme d’économétrie.
De plus ces données ne peuvent, pour le moment, pas être mise à la disposition d’une intelligence artificielle afin de prédire certaines fraudes. L’une des principales raisons serait du fait qu’au niveau de la douane tous les délits sont constatés par un douanier. Il n’y a pas une plainte venant de l’extérieur comme c’est le cas dans les services de police (d’où le recours à des logiciels de police prédictive dans beaucoup de pays). Ce qui pourrait compromettre le fonctionnement de l’algorithme selon le professeur Thomas Cantens de l’université de Clermont Auvergne, puisque l’IA ainsi développée risquerait de reproduire, avec plus de sournoiserie, les mêmes écarts de comportement que les humains en charge du programme.
Cependant, le Colonel indique que pour faire face à ce défit la douane à établie un plan stratégique 2019-2023. Ce plan prévoit la formation de personnel sur la maitrise de certains outils de la science des données. Notamment R et Python qui sont des langages informatiques totalement gratuits. Des data camp seront également organisés avec des experts pour trouver une solution informatique sur des problématiques précises.
SYDONIA : avantages et inconvénients
L’un des avantages de SYDONIA, c’est qu’il facilite la traçabilité de certaines opérations commerciales même au-delà du territoire nigérien. En effet, c’est un système permettant l’interconnexion entre beaucoup de pays. Aussi, les pertes de données sont limitées grâce à des sauvegarde régulières.
Cependant, l’outil renferme certains défauts. D’abord il n’est pas gratuit, chaque États doit payer une licence pour l’utiliser. Ce qui veut dire que les propriétaires de ce programme en savent beaucoup plus que nos propres gouvernements en matière de transactions douanières et probablement d’échanges commerciaux.
Ensuite, SYDONIA n’est pas un programme Open source. Ce qui, mine de rien, pose beaucoup de questions en terme de confidentialité des données qui y sont collectées, puisque personne ne sait comment ce logiciel fonctionne ou prend certaines décisions, notamment lorsqu’il évalue lui-même les opérateurs qui l’utilisent. A partir du moment où il collecte des informations sur ses propres utilisateurs, qui sont très souvent des fonctionnaires d’État, et qu’il peut lui-même les noter, il faudrait rendre publique au moins la portion de code informatique qui permette une telle opération.
Enfin, aucune donnée douanière n’est publiquement accessible. Même si les données douanières doivent être hautement confidentielles à cause des informations stratégiques qu’elles contiennent, il n’en demeure pas moins que l’État fasse l’effort de rendre au moins une partie de ces données accessible au grand public en les « anonymisant » par exemple.