Depuis plusieurs années, le taux d’équipement en téléphones mobiles a connu des pics dans le monde. Cet état de fait est encore plus vraie au sud du Sahara. Au Niger, le nombre d’utilisateurs de téléphones mobiles est passé d’un peu plus de 2000 utilisateurs en 2000 à près de 9 millions en 2017 selon les statistiques de l’Union internationale des télécommunications (UIT) même si cette tendance a régressé ces dernières années comme on peut le constater sur le graphique suivant.
Cette adoption massive du téléphone mobile par les populations sahéliennes a permis quelques révolutions, notamment la création du paiement mobile. Cependant, il faut reconnaître que cette importante avancée doit, en partie, son succès grâce à des téléphones contrefaits et pas chers donc très peu sécurisés. Ce qui, nous allons le voir, n’est pas sans conséquence.
Qu’est-ce qu’un téléphone contrefait ou de qualité inférieure ?
Commençons par les basiques. Même si la frontière entre ces différentes définitions autour du téléphone mobile contrefait n’est pas aisée à cerner, il faut retenir que le téléphone contrefait reproduit, de manière totalement illégale, une marque déposée bien connue autant sur la forme, l’emballage ou la retranscription des initiales. Par exemple vous verrez souvent en lieu et place de la marque Nokia le mot « Nokla » ou une formulation assez similaire.
S’agissant des téléphones mobiles de qualité inférieurs, retenez qu’ils essayeront de ressembler à un téléphone de marque dans la forme mais sans en porter les initiales. Le plus souvent, ils sont des marques très peu connues et qui tentent de copier des modèles populaires.
Les dangers liés à l’utilisation des téléphones mobiles contrefaits
Les dangers dû à l’usage de téléphones contrefaits sont assez peu connu par le grand public. D’une part parce qu’il n’est pas suffisamment informé et d’autre part parce que l’État ne semble pas s’en préoccuper d’avantage. Pourtant, une multitudes de substances dangereuses entre dans la composition de ces téléphones. On peut par exemple citer le plomb, le mercure, le cadmium ou le chrome. De nombreuses études ont démontré la présence de ces substances à des taux largement supérieurs au seuil maximal fixé par certaines réglementations.
Sur certains téléphones sans marque de fabrication chinoise, des taux de concentrations en plomb 35 à 40 fois supérieur aux limites acceptables sur le plan mondial ont été découverts. Ce qui pose de potentiels problèmes de santé publique puisque ces substances sont sur des surface constamment en contact avec l’utilisateur. Notamment, les compartiments des cartes mémoires, de la carte SIM, l’appareil photo, etc.
Aujourd’hui, nos téléphones contiennent presque le résumé de notre vie. De la liste d’amis, en passant par nos musiques ou nos plats préférées, les numéros de nos cartes bancaires, etc. nous entretenons de plus en plus des relations très intimes avec ces objets, presque aussi intimes que celles qui nous lie à un conjoint de vie…D’où l’intérêt de vraiment les protéger avec le plus grand soin. Dans un prochains article, nous verrons comment y parvenir.
En Europe, c’est la Directive relative à la limitation de l’utilisation de certaines substances dangereuses dans les équipements électriques et électroniques (RoHS) qui a pour objectif de limiter l’utilisation de substances dangereuses dans la conception de plusieurs types d’appareils électroniques regroupés en 11 catégories. Vous aurez plus de précision sur Wikipédia.
Le laxisme des gouvernements sahéliens
Le Sahel est confronter à une importante crise sécuritaire. Les débats politiques ou citoyens dénoncent assez souvent l’incapacité de nos gouvernements à solutionner le moindre problème. Cependant, personne ne semble se soucier des risquent que posent l’utilisation de téléphones contrefaits sur la cybersécurité, la criminalité ou la protection de la vie privée et ce d’autant plus que leur utilisation est plébiscitée par une foultitude d’organisations criminelles.
En effet, des djihadistes en passant par les narcotrafiquants, la faible sécurisation de ces téléphones mobiles dont entre autre l’absence d’un numéro IMEI valide sur ces terminaux offre une couverture supplémentaire à des groupes dangereux puisqu’il devient difficile d’identifier leur communication.
Une économie numérique à deux vitesses
Même si beaucoup de personnes s’exaltent devant les prouesses économiques qu’a permis d’accomplir cet outil de communication, on oublie très souvent le volet sécuritaire.
En utilisant des téléphones mobiles non sécurisés et n’obéissant à aucune norme tant sur le plan sanitaire environnementale que légale, nos pays jouent au pompier pyromane. Personnellement, je pense que tout ou partie de la croissance économique engendrée par ces terminaux mobiles est en fait déjà engloutie par les conséquences, en terme de coût, sur le plan sanitaire, sécuritaire, économique et environnementale auxquelles ils exposent nos États.
En effet, le développement économique d’un pays repose en général sur une base légale et juridique bien établie mais que les contrefaiseurs ne respectent pas. De ce fait, tous les débats autour du développement d’une économie numérique au Sahel et en Afrique deviennent obsolètes puisque nos gouvernements ne disposent pas, pour l’essentielle, d’une base juridique et légale solide réglementant le secteur informatique.
Il faut des lois protégeant la propriété intellectuelle, l’environnement ou des garanties pour les consommateurs. Hors même dans le cas où de tels réglementations existent, les contrefaçons n’en tiennent pas du tout compte. Par ailleurs, les téléphones contrefaits approvisionnant généralement les marchés noirs, les gouvernements perdent également d’importante sommes d’argent impossibles à collecter via leur système de recouvrement d’impôts.
Aujourd’hui, nos téléphones contiennent presque le résumé de notre vie. De la liste de nos amis, en passant par nos musiques préférées, ou les numéros de nos cartes bancaires, etc. nous entretenons de plus en plus des relations très intimes avec ces objets, presque aussi intimes que celle qui nous lie à un conjoint de vie…D’où l’intérêt de vraiment les protéger avec le plus grand soin. Dans un prochains article, nous verrons comment y parvenir.
Assez intéressant le sujet, mais plutot sensible