Depuis plus de deux ans, la douane nigérienne développe de nouvelles réformes visant à analyser les données numériques issues de sa base de données. En neuf mois d’expérimentation, ce sont 731, 9 millions de francs CFA en taxes additionnelles qui ont été recouvrés selon la Banque Mondiale. A titre comparatif, sur la même période, la douane n’avait recouvré que 63 millions de francs, soit dix fois moins.
La science des données au service du développement
La science des données est un ensemble de techniques permettant d’extraire des connaissances grâce à des algorithmes sur la base de données informatiques structurelles ou non structurées.
La douane nigérienne s’est dotée d’une cellule d’analyse des données en 2020. Depuis, plusieurs séminaires et formations sur les outils et techniques d’analyse des données ont permis d’opérationnaliser une équipe capable d’interpréter les informations collectées sur l’ensemble du territoire national. Cette nouvelle démarche a également permis de réduire le temps dédouanement qui est passé de 8,76 heures à 3,29 heures.
Il faut rappeler que la douane nigérienne est l’une des toutes premières institutions du pays à collecter massivement des données, sous forme numérique, depuis une dizaines d’années.
Lors d’une conférence en 2021, le colonel Oumar Dièye Sidi indiquait que les services de la douane arrivaient à collecter plus de 500 000 déclarations par an grâce au logiciel Sydonia. Des données gigantesques qu’il va falloir apprendre à analyser grâce à la sciences des données.
Actuellement, ce sont 5 douaniers qui constituent la cellule d’analyse de données et de réformes de la douane nigérienne. Une équipe réduite pour le moment, mais qui a déjà démontré son potentiel.
Cette formation a été rendue possible grâce à un financement du Programme Fiscal Mondial auprès de la Banque Mondiale même si les formateurs étaient principalement issus de la diaspora nigérienne.
Le traitement informatique de ces informations permet de suivre les flux commerciaux en temps réel, mais aussi d’en connaitre les localités enregistrant le plus d’entrées. Combinées à des données géospatiales externes, la douane à pu confirmer l’existence d’axe de transport alternatifs non connus. Des patrouilles ont donc pu être organisées afin de mieux surveiller les centres de commerce transfrontaliers au Niger et dans les pays voisins.
Optimiser le traitement des données pour plus d’efficacité
Dans cette ère digitale, la donnée est une denrée essentielle qu’il faut absolument collecter et traiter avec les moyens et les compétences adéquates. Pour la douane, cette nouvelle approche permettra de réduire la fraude qui caractérise le milieu. Cependant, on peut se questionner sur la manière dont ces informations sont collectées et traitées.
Sur ce point, la douane nigérienne a choisi de ne pas sous-traiter cette activité à une entreprise tierce. Toutes les données sont collectées et traitées localement, via un « data lab » pour des raisons de confidentialité, d’efficacité et d’indépendances.
La douane a également choisi d’utiliser que des logiciels open source. Des programmes gratuits et transparents, facilement auditables par la communauté.